Apprendre à s’aimer

S’il est une chose importante à apprendre à nos enfants, et qui leur sera utile toute leur vie, c’est de s’aimer eux-mêmes. Or nous ne sommes pas toujours de bons exemples, parce que nous n’avons pas forcément appris à nous aimer nous-même.

Peu importe, il est n’est jamais trop tard.

Pour qu’un enfant s’aime lui-même, il doit pouvoir développer le sentiment d’être digne d’amour, d’être compétent et libre.

En évitant de blâmer et critiquer nos enfants, nous leur laissons la possibilité de construire ce sentiment. Nous pouvons les aider en reflétant ce qu’il y a de meilleur en eux, en soulignant leurs efforts et leurs progrès. Leur confiance et leur estime de soi peuvent grandir, si nous leur laissons la liberté de vivre leurs propres expériences, que ce soit des défaites ou des réussites, sans les entraver de nos peurs et de nos conseils, tout en les soutenant pour qu’ils trouvent par eux-mêmes comment se relever et progresser.

Permettre à un enfant de s’aimer lui-même, c’est aussi accueillir ses colères, ses mauvais comportements et ses défaillances. Même quand les colères sont contre nous, que leurs comportements nous irritent ou que leurs défaillances nous gênent. Un enfant qui nous résiste, qui nous défie, qui se replie, qui capitule à l’école est un enfant qui se protège ou qui signale que quelque chose l’empêche de se sentir aimé, libre ou compétent. Nous pouvons l’aider en le laissant exprimer ses sentiments et en les accueillant avec empathie, par le jeu thérapeutique ou par du temps partagé pendant lequel l’enfant se sentira en sécurité et aimé1.

Mais parfois, nous n’y arrivons pas.

Nous avons beau vouloir être à l’écoute, nous nous mettons en colère, nous souhaitons être joueur, mais notre mauvaise humeur prend le dessus, nous voulons poser des limites, mais nous capitulons. Ces difficultés révèlent souvent des manques ou des blessures de notre enfance. L’enfant que nous avons été peut être encore pétri d’un manque d’estime ou de confiance en soi, ou imbibé de la peur d’être abandonné, rejeté ou trahi. L’enfant que nous avons été est encore en nous, certain l’appelle l’Enfant Intérieur. Cet Enfant Intérieur blessé ou en manque demande à l’Adulte que nous sommes aujourd’hui réparation, écoute et prise en compte. Tant que nous ignorons notre Enfant Intérieur, nous ne pouvons pas nous aimer nous-même.

Les difficultés que nous pouvons avoir avec nos enfants sont des signaux de notre Enfant Intérieur.

En voici un exemple tiré du livre de Margaret Paul2. Une mère raconte que son fils, Thibault, la frappait violemment et fréquemment. Thibault répliquait que sa mère en faisait autant. En réalité, cette mère souvent en colère en venait rarement à frapper, mais la menace planait toujours, et pour Thibault, la peur était permanente. Cette mère se mettait en colère noire dès que son fils la dérangeait, alors qu’elle était occupée, ou qu’il ne l’écoutait pas. Une colère en elle irrépressible explosait. Après un travail sur elle, cette mère comprit qu’elle réagissait très fort quand il s’agissait d’un problème de pouvoir, quand quelqu’un, son fils par exemple, voulait contrôler la situation ou refusait de lui obéir. Elle prit conscience qu’étant petite, elle avait souffert d’un père très autoritaire et parfois violent et que son Enfant Intérieur avait, encore aujourd’hui, peur d’être bafoué, ignoré ou obligé. Cet Enfant Intérieur en elle, sur-réagissait alors pour tenter de se protéger. Quand Thibault ne l’écoutait pas, son Enfant Intérieur criait, « Je veux être entendu ! Je ne veux plus qu’on m’ignore ! ».

A qui cet Enfant Intérieur crie-t-il à l’aide ? A vous. A vous l’Adulte d’aujourd’hui.

Ayant pris conscience de cela, quand son fils ne l’écoutait pas, l’Adulte en cette mère pu rassurer son Enfant Intérieur, en lui disant que Thibault ne cherchait pas à la contrôler ou à l’ignorer, mais que c’était pour lui une manière de résister à son autorité, sa manière à lui de se protéger.

En parallèle, l’Adulte en elle a pu répondre à cette demande à l’aide de son Enfant Intérieur en agissant, pour qu’il ne sente plus bafoué, ignoré ou obligé. Elle apprit à agir pour être aimante envers elle-même. Elle apprit à mettre les distances quand son fils la frappait. Elle apprit à dire non à son mari et à d’autres personnes. Elle décida d’écouter ses émotions et ses besoins et d’agir en conséquence. Elle apprit aussi à gérer sa propre colère en s’enfermant elle-même quand nécessaire.

Très vite le comportement de Thibault changea quand sa mère changea elle-même.

Ce n’est pas avoir un comportement aimant envers soi-même, quand, par exemple, nous nous forçons à faire ce que nous n’aimons pas, au point de développer du ressentiment, ou quand nous voulons forcer les autres à changer pour nous satisfaire. Quand nous nous accrochons à quelqu’un ou quelque chose par peur ou par honte, même quand cela n’est pas évident à notre esprit conscient.

S’aimer soi-même,

c’est écouter notre Enfant Intérieur pour découvrir nos vrais aspirations, nos peurs, nos blessures, puis d’agir en conséquence, pour se donner à soi-même ce dont nous avons besoin. Ce n’est pas être égoïste, car ce que n’offrons pas à notre Enfant Intérieur, nous ne pouvons pas le donner aux autres.

Quand nous sommes en accord avec nous-même, cela aide grandement nos enfants qui apprennent avant tout de qui nous sommes et de ce que nous faisons.

Texte: Laure Steiner Convers
Illustration: Tim Mossholder, Dreamtime

1 Vous découvrirez des outils concrets dans les ateliers pour parents de Papoose.ch (www.papoose.ch)

2 Renouez avec votre Enfant Intérieur, Margaret Paul, Ed.Le Souffle D’or

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