Jeu parent enfant

Et si on était de meilleurs parents en jouant ?

Quand on est stressé et débordé par la mauvaise humeur, je sais, ce n’est pas là qu’on a vraiment envie de rire, ni de jouer avec nos enfants. Le plus souvent, on a juste envie que nos enfants fassent ce qu’on leur demande. Vite et bien. Ou qu’ils nous laissent tranquille.

Mais le plus souvent ça se passe comment ? Nos enfants entendent des mots secs, une critique sur leur lenteur ou leur maladresse. Ou ils ressentent simplement une attitude crispée et impatiente. Alors naturellement, ils ont envie de se protéger ou du moins de détendre l’atmosphère et ils le font à leur manière : en évitant d’entendre ce qu’on dit pour ne pas se sentir blessé et en s’amusant pour changer un peu cette ambiance délétère.

Moi aussi parfois, j’ai beau voir la situation se dégrader à force d’ajouter par exemple des MAINTENANT! BOUGE ! alors qu’on est déjà en retard et pourtant je m’entends encore râler, jusqu’à ce que je me rappelle:

On carbure au positif, la ralûre ça fait caler

Je vous ai déjà raconté comment mes filles, qui traînaient fatiguées et démotivées, ont fini par danser avec moi comme un pantin pour mettre chaussettes et chaussures en un temps record. Eh bien tous les jours, le jeu et le rire permettent d’avancer là où on cale. Je n’ai plus que 5 minutes avant de partir pour un atelier, la Petite doit changer de pantalon. Elle refuse de la mettre évitant tous mes efforts. Visiblement ça l’amuse ce petit jeu. Alors je demande à ses deux pieds qui d’entre eux souhaiterait aller en premier dans le toboggan à pied – la jambe du pantalon chez nous. Alors un pied se présente, avant de se retirer, puis l’autre. Elle rit. Mais le pantalon n’est toujours pas mis. Alors je propose que les pieds fassent une course pour savoir qui sera le premier en bas. Ils sont partants. Prenant appui sur le bord du lavabo, les petits pieds sautent ensemble pour démarrer la course. Je vise avec le pantalon, pendant que ma fille observe la course avec attention et déclare! C’est celui-là qui a gagné!

Mine ravie, pantalon mis. A l’heure.

S’amuser ne doit pas être réduit à un outil pour faire faire à nos enfants ce qui doit être fait.

Le jeu et le rire sont thérapeutiques à bien des niveaux

On sait que le rire améliore les fonctions immunitaires et la tolérance à la douleur, mais il réduit aussi les réponses aux stress et apaise l’angoisse. Remarques d’un enseignant, manque d’empathie d’un parent, harcèlement d’un camarade, peur des évaluations, inquiétude de ne pas être à la hauteur des attentes parentales, jalousie à l’arrivée d’un nouveau bébé dans la famille ou frustration de ne pouvoir contrôler que si peu de leur quotidien.

Les enfants ont besoin de nous pour déverser leur trop plein de stress et de tensions

Le jeu est utilisé par la psychologue Aletha Solter* pour aider les enfants avec des problèmes de discipline ou pour les aider à traverser des phases difficiles. Ce que les enfants feraient naturellement, mais que les parents doivent réapprendre. C’est en lisant son livre* que j’ai découvert, entre autres , les jeux de renversement de pouvoir qui permettent d’aider les enfants à se réparer et à guérir de leur colère ou de leur peur.

Hue Papa, hue !

C’est alors que mon mari et moi sommes devenus des montures, appelées Petit Tonnerre, Spirit, Grosse vache ou Bidet dirigées par l’une ou l’autre de nos filles. Que les coussins et les doudous ont commencé à voler dans l’appartement et qu’on s’est laissé terrasser comme des clowns. Qu’on essaie de les attraper sans y arriver en faisant mine de trébucher ou que l’on fuit en simulant la terreur. Le rire fait son entrée, puis le calme et les câlins.

Car le jeu a aussi le pouvoir de rétablir le lien qui nous unit à eux

Ce lien qui est distendu à chaque fois qu’on les blâme, qu’on les critique, qu’on manque de temps et d’attention pour les entendre vraiment, pour qu’ils se sentent compris et aimés.

Récemment, un petit garçon que je connais bien, se débattait dans les bras de sa maman qui l’avait forcé à prendre une douche à l’extérieur pour se débarrasser de tout le sable. Il se débattait en criant :

«Maman tu dois aller en prison !»

Sa maman est restée zen, mais elle ne savait pas vraiment comment calmer son chéri qui avait l’air de lui en vouloir sacrément. Alors je dis à ce petit garçon : «Maman doit aller en prison parce qu’elle t’a forcé à te doucher, alors que tu ne voulais pas, c’est ça ?» Il me fait oui de la tête tout en criant. Alors, je prends son petit T-Shirt qui traînait par terre et je le plante sur la tête de sa maman, lui couvrant ainsi tout le visage, en disant «regarde je l’ai mise en prison !» Il la regarde tout en se débattant et un air amusé apparaît malgré tout sur son visage. La maman, se prenant au jeu, déclare «Oh non, au secours, je suis en prison!», alors en quelques minutes notre petit bonhomme se met à rire de bon cœur et finit par retirer le T-shirt.

La joie est essentielle pour élever des enfants foncièrement heureux

La joie, avec son cortège de dopamine et d’opioïdes est un ingrédient essentiel dans la maturation du cerveau des enfants et à l’apprentissage qui leur permettra de poursuivre leurs rêves et devenir résilients face aux difficultés tout au long de leur vie. Le jeu se décline de bien des manières pour venir en aide à nos enfants et pour renforcer notre relation à eux. C’est un sujet vaste et qui vaut la peine d’être découvert. J’y reviendrai.

Et pour nous parents aussi, le rire et la joie ne peuvent qu’apporter du positif. Alors pourquoi ne pas ré-apprendre à jouer ?

Texte par Laure Steiner Convers
Image par Rudy Anderson de Pixabay 

*Aletha Solter « Développer le lien parent-enfant par le jeu » Eds. Jouvence

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