Quand tu as le rhume ou la grippe, tu protèges autant que possible ton enfant, tu as une hygiène stricte pour éviter le plus possible de le contaminer, n’est-ce pas? Mais fais-tu attention à ne pas contaminer ton enfant avec ton stress ou ton anxiété?

Ton enfant est une éponge à émotions

Il absorbe autant tes peurs que ton bien-être. Tu as peut-être déjà remarqué que ton enfant a un comportement souvent plus difficile, quand tu es stressé(e)?

Lors d’un atelier, une maman me racontait que quand elle allait chercher son fils à l’UAPE juste en sortant de son travail, alors qu’il était dans sa première année d’école, elle mettait plus de 20 min à le décider à venir avec elle. Il était agité, ne voulait pas rentrer à la maison et crisait quand elle commençait à perdre patience. Quelques semaines plus tard, quand je l’ai revue, elle m’a dit qu’elle avait essayé de passer d’abord à la maison, avant d’aller chercher son fils. Elle prenait le temps de se changer rapidement, de boire un verre d’eau et d’aller à pied à l’UAPE. De son propre jugement, elle était moins stressée en arrivant vers son fils. Ce qu’elle observa, c’est qu’il était beaucoup plus disposé en la voyant arriver et que les choses étaient beaucoup plus faciles et rapides pour le retour à la maison.

La plupart des enfants ressentent nos émotions et notre stress et c’est comme s’ils l’absorbaient en étant près de nous. Ça les contamine!

Un comportement animal?

Les jeunes lions du Kalahari apprennent à reconnaître les dangers qui les entourent en vivant auprès de leurs grands cousins (près de la tanière, car ils sont encore trop jeunes pour aller chasser seuls). Si les plus âgés sont tendus, les jeunes tendent aussi l’oreille, prêts à réagir, s’ils se mettent à l’abri, les jeunes suivent. Bref, s’ils remarquent que leurs congénères plus expérimentés ressentent un danger, c’est qu’il doit y avoir un danger, s’ils s’amusent, c’est qu’il n’y a pas de danger. C’est une question de survie.

Chez nous humains, il semble qu’il reste quelque chose de ce comportment. Observe ton enfant quand tu discutes avec quelqu’un. Quand tu n’as pas tellement envie de parler à cette personne, même si tu as l’impression de faire bonne figure, de ne rien montrer, observe le comportement de ton enfant. Il capte en un rien de temps, si la personne à qui tu parles est quelqu’un de bienvenu ou non, quelqu’un de confiance ou pas. Même si j’avais l’impression de ne donner aucun indice, même avec des amis ou de la famille, ma fille aînée ne se comportait pas de la même manière avec chacun: elle refusait de dire bonjour à certains et montrait tous ses doudous à d’autres! Et ce n’était pas au hasard!

Un enfant peut développer de l’anxiété, parce que son parent est anxieux

L’anxiété est un mal généralisé qui touche 1 adulte sur 5. Les troubles anxieux semblent aussi augmenter chez les enfants. Ils peuvent se traduire de plein de manières différentes, par exemple par des peurs exagérées qui empêchent un enfant de dormir, de se séparer de ses parents ou d’aller à l’école. Les spécialistes invoquent plein de raisons à l’augmentation de l’anxiété chez les enfants (les écrans, la pandémie, etc.). La contamination des enfants par l’anxiété des parents en est une. Et il y a deux difficultés là autour.

La première, c’est que trop souvent le parent pense que son anxiété le concerne que lui (ou elle), que c’est uniquement son problème. Il ne réalise pas que l’enfant ressent cette anxiété et la considère comme un signal d’alerte. Il est sur ses gardes et ça crée de l’anxiété chez lui aussi.

Comme je le disais dans l’article « Révélateur de non-dits« , ce qui est fou, c’est que parfois, les enfants révèlent certaines peurs dont les adultes eux-mêmes ne sont pas conscients.

La deuxième difficulté, c’est en effet que de nombreux adultes ne sont même pas conscients de leur anxiété. Quand on vit tête baissée, qu’on a appris à mettre nos émotions de côté, on ne réalise pas forcément qu’on est anxieux. On gère, ça va. En avançant, ça se remarque parfois sous forme de troubles du sommeil, de troubles de la digestion, d’impatience ou d’agressivité dans le foyer ou plein d’autres manières. Réaliser qu’on est anxieux, ça demande de s’observer, de faire face à ses émotions, donc à ses peurs.

Mais ton enfant est aussi sensible à ta joie et ton bien-être

Si ton enfant montre des signes d’anxiété et que tu penses que tu es anxieux toi aussi, tu l’aideras en te faisant du bien ou en te faisant aider. Parce que la bonne nouvelle, c’est que les enfants absorbent aussi comme une éponge notre bien-être ! C’est pour ça qu’un des plus beaux cadeaux que tu peux offrir à ton enfant, c’est d’être vraiment bien dans ta peau.